Une étude nationale met en lumière l’impact de l’agriculture viticole sur la contamination aux pesticides
Selon une étude inédite menée par Santé publique France et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), les personnes vivant à proximité des vignobles seraient plus exposées aux produits phytopharmaceutiques que celles résidant en dehors de ces zones. Cette recherche, réalisée en 2021-2022, a analysé la présence de 56 substances différentes dans les échantillons d’urine, de cheveux, mais aussi dans l’air ambiant, les poussières et l’environnement intérieur de 265 sites répartis dans six régions viticoles françaises, dont la Bourgogne, la Provence ou encore le Bordelais.
Une augmentation significative de la contamination lors des périodes de traitement
Les résultats indiquent qu’en période de traitement des cultures, les niveaux de contamination peuvent connaître une hausse notable. Par exemple, les concentrations retrouvées dans les urines peuvent augmenter de jusqu’à 60 %, tandis que la contamination dans la poussière ou l’air ambiant peut atteindre des distances alarmantes, telles que plus de 1000 % dans des poussières ou jusqu’à 45 fois plus dans l’air extérieur, comparé aux zones sans culture viticole, selon Clémence Fillol de Santé publique France. Plus précisément, durant ces périodes, les données montrent aussi que ces niveaux peuvent grimper de 45 % dans les urines ou augmenter de 700 % dans les poussières, avec une multiplication par 45 des concentrations dans l’air artificiel.
Une vulnérabilité accrue chez les jeunes enfants
Les résultats suggèrent également que les enfants âgés de 3 à 6 ans présentent des taux d’imprégnation plus élevés, ce qui pourrait être en lien avec leur mode de vie ou leur proximité avec les zones traitées. Ces observations sont cohérentes avec d’autres études menées aux Pays-Bas ou aux États-Unis, qui soulignent que les riverains des vignobles sont davantage contaminés par les produits phytopharmaceutiques, souvent liés à la forte utilisation de ces substances dans la culture viticole.
Les risques pour la santé encore en cours d’évaluation
Il convient toutefois de préciser que cette étude n’a pas permis de déterminer si ces niveaux d’exposition pouvaient entraîner des effets sanitaires spécifiques. Benoît Vallet, directeur général de l’Anses, souligne qu’il n’existe pas encore de lien direct entre ces imprégnations et des pathologies cliniques telles que les cancers, notamment en raison de diverses autres expositions environnementales (métaux lourds, particules fines, etc.) qui pourraient également influencer la santé.
Malgré l’absence de preuve d’effets nocifs immédiats, les autorités sanitaires appellent à faire preuve de précaution. La réduction du recours aux pesticides, notamment via la mise en œuvre du plan Ecophyto 2030 visant à diminuer de moitié l’usage de ces produits d’ici à 2030, est encouragée. La vigilance demeure essentielle pour limiter l’exposition, en particulier chez les populations les plus vulnérables, tout en poursuivant les recherches pour mieux comprendre les implications sanitaires à long terme.