Campagne contre le durcissement de l’accès au service civil
Une coalition réunissant des organisations de la société civile, des associations concernées et des établissements d’affectation, et soutenue par des élus de gauche et des Vert-e-s, a lancé mercredi à Berne une campagne contre le projet de modification du service civil.
Les opposants estiment que durcir les conditions d’accès au service civil pourrait fragiliser une institution qui soutient la société et toucher des domaines où les ressources manquent déjà, selon la Fédération suisse du service civil (Civiva).
Selon eux, les conséquences se feraient au détriment des hôpitaux, des maisons de retraite, des crèches et des fermes de montagne, où les civilistes effectuent des milliers d’heures de travail, sans assurer réellement le renforcement nécessaire de l’armée.
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La ‘voie bleue’ et les enjeux
Selon le Conseil fédéral, la modification de la loi sur le service civil réduirait les admissions annuelles à 4000 au lieu de 6800 aujourd’hui, l’objectif étant, selon ses arguments, de prévenir une pénurie potentielle de soldats.
Mais pour la conseillère nationale Priska Seiler Graf (PS/ZH), co-présidente de Civiva, cela ne se concrétiserait pas comme prévu: « Tout au plus un durcissement mènerait à une augmentation du nombre de personnes qui optent pour la ‘voie bleue’, c’est‑à‑dire l’exemption pour raisons médicales. Ces jeunes manqueraient alors à la fois au service civil et à l’armée. »
Le conseiller aux États Fabien Fivaz (Verts/NE), co‑président de Civiva, dénonce une « tactique du salami » et estime que les restrictions ne constituent qu’une étape initiale, suivie, selon lui, de la réintroduction d’un examen de conscience et, à horizon d’une décennie, de la disparition du service civil avec l’imposition d’un service dans le domaine de la sécurité.
Risque de pénurie pour l’armée?
Selon les chiffres du Département fédéral de la défense, 11 000 militaires quittent chaque année les troupes avant d’avoir rempli leur obligation, un nombre qui croît en partie parmi eux qui opteraient pour le service civil. Bien que l’armée ne fasse pas face à une pénurie immédiate (la Suisse comptait plus de 146 000 militaires en septembre, avec un plafond légal de 140 000), des voix de droite et des milieux militaires jugent qu’un risque persiste.
« L’armée suisse est en sureffectif depuis plusieurs années », remarque Fabien Fivaz, qui rappelle aussi que le service civil et l’armée sont « complémentaires ».
Parmi les mesures envisagées pour réduire l’attrait du service civil figure notamment l’introduction d’un « cours de répétition » à suivre annuellement après l’admission et une réduction de la marge de manœuvre des appelés quant à la période choisie pour effectuer leur service.
Référence d’origine : ats/jfe