Contexte et montant visé
L’initiative intitulée « Pour un salaire minimum » propose d’inscrire dans la loi un salaire minimum obligatoire de 23 francs de l’heure, soit 4000 francs par mois. En ajoutant les indemnités pour les vacances et les jours fériés, le salaire horaire atteindrait près de 25,50 francs.
Objectifs et arguments des promoteurs
Le comité d’initiative, regroupant des partis de gauche et des syndicats, affirme vouloir « permettre à tous les salariés de vivre de leur travail ». Il estime qu’il est inacceptable que des Fribourgeois se lèvent tôt, travaillent toute la journée, rentrent tard, mais n’arrivent pas à payer leurs factures, faire leurs courses ou offrir des loisirs à leurs enfants.
Éviter la précarité et soutenir l’emploi
Selon les initiants, l’objectif est de prévenir la précarité et de motiver des jeunes à travailler dans la vente, la petite enfance ou la restauration, sans que la seule perspective soit la précarité. Ils présentent l’introduction d’un salaire minimum comme une mesure pragmatique et efficace.
Les partisans citent des exemples concrets : à Genève, une étude de la Haute école de gestion montre que le chômage n’a pas augmenté après l’introduction d’un salaire minimum et que les femmes ont eu plus de facilité à retrouver un emploi.
À Neuchâtel, où ce dispositif existe déjà, le taux d’aide sociale aurait diminué de 7,4 % à 5,9 % depuis son introduction, tandis que ce taux demeure stable dans le reste de la Suisse.
Impact local et cadres juridiques
En cas d’adoption, Fribourg deviendrait le sixième canton à instaurer un salaire minimum après Neuchâtel, Jura, Genève, Tessin et Bâle-Ville.
Opposition et position du Conseil d’État
Le Conseil d’État s’est déclaré totalement opposé à cette mesure, estimant qu’un salaire minimum légal pour les plus de 18 ans présenterait un danger pour l’économie fribourgeoise et qu’elle pourrait perturber le bon fonctionnement du marché du travail.
Selon l’exécutif, un tel instrument risquerait de freiner l’insertion des personnes peu formées, notamment celles qui n’ont pas achevé une formation initiale. Le Grand Conseil a également rejeté l’initiative.
Des opposants issus des milieux économiques avertissent que la mesure pourrait accroître la pression sur les PME, notamment dans les secteurs à marges faibles; un collectif « Non au salaire minimum étatisé » regroupe des responsables bourgeois et économiques.