Accès inédit à des échanges sensibles : que révèlent les 18 000 mails d’Epstein ?
Les investigations menées par Bloomberg ont permis d’accéder à un volume important de correspondances. Ces 18 000 courriels issus du compte privé Yahoo d’Jeffrey Epstein révèlent des éléments susceptibles de remettre en question l’image que Ghislaine Maxwell a longtemps esquissée, en affirmant n’avoir eu qu’un rôle insignifiant dans les affaires de l’ancien financier et délinquant sexuel.
Ces messages montrent notamment que Ghislaine Maxwell aurait été impliquée dans l’ouverture de comptes bancaires, la gestion d’une société à son nom, ainsi que dans des investissements aux côtés d’Epstein, ce qui pourrait suggérer un niveau d’implication plus important que celui qu’elle revendiquait jusqu’ici.
Une accumulation de cadeaux de luxe et de comportements inappropriés
Une analyse de ces courriels recense près de 2000 présents et paiements, représentant une somme totale d’environ 1,8 million de dollars. Parmi ces cadeaux figurent une montre valorisée à 35 000 dollars pour un ancien conseiller de Bill Clinton, une voiture de 71 000 dollars pour un avocat d’Epstein, ainsi que plusieurs articles de lingerie et du chocolat qui seraient destinés à de jeunes filles mineures, ultérieurement accusées par le passé d’abus sexuels.
Les échanges indiquent également que Ghislaine Maxwell aurait organisé elle-même une majorité de ces attentions luxueuses, ce qui donne une nouvelle perspective sur son rôle dans ces activités.
Interactions avec des personnalités influentes et conseils juridiques
Les messages évoquent aussi une collaboration intellectuelle entre Maxwell et Epstein, notamment concernant des questions judiciaires : elle lui aurait conseillé sur les charges à reconnaître, proposé des stratégies de défense, tout en restant en contact avec des figures publiques telles que Bill Clinton et Sergey Brin, cofondateur de Google. Des discussions sur la manière de dénigrer publiquement des victimes ont également été évoquées, à une période où Maxwell prétendait s’être éloignée d’Epstein.
Des liens avec des figures politiques et royales : un paradoxe
Malgré ses déclarations selon lesquelles elle aurait cessé tout lien avec Epstein après 2003, les e-mails révèlent une communication régulière jusqu’à son arrestation en 2008. Les correspondances mettent en lumière un double visage : celui d’une jet-setteuse évoluant dans les cercles de la haute société, incluant dirigeants et membres de la royauté, et celui d’une femme impliquée dans des abus sexuels sur plus d’un millier de jeunes femmes.
Parmi les personnalités mentionnées figurent Bill Clinton, Donald Trump ainsi que le prince Andrew. Toutefois, aucune preuve directe n’établit leur implication dans les faits rapportés à ce jour.
Une crédibilité encore fragilisée
Ghislaine Maxwell, condamnée à 20 ans de détention en 2021 pour son rôle dans le réseau d’exploitation sexuelle, continue à se présenter comme une simple ancienne compagne d’Epstein et intendante. Pourtant, les nouveaux éléments issus des mails suggèrent un rôle actif dans le maintien d’un système d’influence, de luxe et d’abus, ce qui pourrait contribuer à redéfinir la perception publique de son implication.
Fin août 2025, la condamnée a été transférée dans une prison à sécurité minimale. Lors d’auditions avec le procureur adjoint Todd Blanche, elle avait notamment nié toute collaboration avec Donald Trump, ce qui pourrait être relativisé face aux nouvelles révélations.