La tapisserie comme vecteur politique au mudac
À Lausanne, l’exposition Tisser son temps réunit des œuvres de périodes contrastées, mettant en lumière le rôle politique et social du médium. D’un côté, des pièces majeures issues de la collection Toms, l’une des plus importantes collections privées de tapisseries anciennes, rassemblées à la fin du XXe siècle et tissées dans des ateliers de Bruxelles entre la fin du XVIIe et le début du XVIIIe siècle.
De l’autre, des tapisseries contemporaines signées par Goshka Macuga (Pologne) et Grayson Perry (Royaume-Uni).
Un lien entre passé et création actuelle
Ce projet, porté par le mudac en collaboration avec la Fondation vaudoise Toms Pauli, associe la tapisserie ancienne à une dynamique créative contemporaine. Magali Junet, directrice de la Fondation et co-commissaire de l’exposition, rappelle que « la tapisserie, dans sa monumentalité, est avant tout un discours politique et social », et que cette intention discursive — raconter des récits réels ou fictifs — s’est perpétuée au fil des siècles.
Parmi les pièces anciennes présentées figurent des motifs tirés des Actes de Scipion l’Africain, dont la Conférence de Scipion et d’Hannibal, tissée vers 1660 à Bruxelles par la manufacture de Hendrik I Reydams d’après les modèles de Gianfrancesco Penni et Giulio Romano. D’autres tentures évoquent des épisodes de l’Antiquité, avec des représentations de l’Histoire de Scipion l’Africain et des empereurs Titus et Vespasien.
La renaissance de la tapisserie contemporaine
Depuis une quinzaine d’années, ce médium connaît un nouvel essor grâce à des artistes contemporains qui l’utilisent pour interroger l’actualité. Goshka Macuga a conçu, à l’occasion de l’exposition lausannoise, une tapisserie en résonance avec les chefs-d’œuvre de la collection Toms, abordant des sujets tels que la crise écologique, les migrations et d’autres enjeux politiques actuels — jusqu’à une fusée symbolisant le salut des plus riches pendant que le reste du monde est en crise.
La série The Vanity of Small Differences (2012) de Grayson Perry, présentée à Lausanne, offre une critique de la société de consommation et de la mondialisation, tout en soulevant des questions liées au pouvoir politique, social et culturel. Magali Junet rappelle que Perry se sert de la tapisserie, médium traditionnellement associé à l’élite, pour s’intéresser au quotidien des classes populaires britanniques.
L’exposition Tisser son temps se tient au mudac à Lausanne du 7 novembre 2025 au 8 mars 2026, avec une présentation télévisée prévue le 14 novembre 2025 dans le cadre du journal de 19h30.